Réflexes archaïques chez le nourrisson
Des gestes réflexes
Avez vous déjà remarqué certains comportements communs chez tous les nourrissons ? Bébé ferme systématiquement sa main sur votre doigt, mime la marche lorsque vous posez ses pieds au sol à seulement 2 jours, se réveille brusquement lorsque vous le déposez dans son lit... Il s'agit de gestes automatiques, complétement involontaires, que l'on appelle les réflexes archaïques ou réflexes primitifs.
Les réflexes archaïques sont des réponses innées qui apparaissent devant des stimulations bien spécifiques. Ils se forment in utéro et viennent faciliter la naissance. Par la suite jouent un rôle crucial dans le développement moteur et neurologique des nourrissons.
Les réflexes archaïques sont le facteur le plus essentiel dans la mise en place de nos comportements, de notre réussite scolaire ainsi que dans notre vie physique, émotionnelle et cognitive. La non-intégration d’un réflexe peut être la cause d’un « parasitage » et risque de se manifester quand nous sommes sous stress ou en situation d’apprentissage.
A ce jour, environ 70 réflexes sont recencés chez le bébé mais seulement 40 ont un rôle clairement identifié.
Chaque réflexe se développe à un moment précis et a sa propre histoire : il suivra sa propre structure et dynamique :
• L’émergence : chaque réflexe du nourrisson émerge à un moment précis (pendant la vie intra-utérine ou proche de la naissance).
• L’évolution : le bébé entraîne ses réflexes, explorant pas à pas les « programmes de la nature », dont chacun a une durée théorique précise.
• L’intégration : le principal schème du réflexe est prêt pour le fonctionnement intégré avec des mouvements, des compétences et des capacités plus avancés.
L'importance des réflexes archaïques à la naissance
Les réflexes archaïques s'observent très tôt chez le bébé. Dès les 10-12emes semaines de vie in utéro, on peut identifier le réflexe de succion à l'échographie. Bébé suce son pouce, aspire et recrache le liquide amniotique pour travailler la motricité de sa bouche. Lors de l'accouchement, ils jouent un rôle capital dans le passage du canal utérin et la maitrise des gestes de survie.
Lorsque le travail commence, les contractions utérines vont stimuler une 20n de réflexe chez le bébé. Il va alors bouger en synergie, avec une réciprocité totale vis à vis de la maman.
Le réflexe de Galant, par exemple, produit naturellement une inflexion et une rotation de la colonne suite à une stimulation de haut en bas le long du dos. Ce réflexe est donc essentiel car il permet des mouvements alternés entre la droite et la gauche. De même, le réflexe de Pérez, lors d'une stimulation de bas en haut de la colonne, va produire un mouvement en extension.
Une fois, le bébé dans les bras de maman, l'enfant va chercher à téter. Il s'appuie encore sur le réflexe de Pérez. Il cherche alors à se redresse, s'aggripper afin de trouver le mamelons. Grâce à ses entrainements in utéro, il maitrise parfaitement la succion et la déglutition.
Le développement moteur durant les douze premiers mois. La transition vers le mouvement volontaire
A partir des 3 mois, le bébé commence à interagir beaucoup plus avec son environnement. Il montre de l'intérêt pour les bruits, les objets et les gens qui l'entourent. Les réflexes l'aident alors à mobiliser ses muscles et préparent son sytème nerveux à des mouvements de plus en plus complexes. L'apprentissage se fait par étape et suit un schéma bien plus organisé qu'il n'y parait. Le bébé commence par porter sa tête. Il arrive peu à peu à la redresser. Les réflexe de coordination lui permettent de synchroniser les mouvements de ses yeux, de sa tête et de ses bras.
C'est aussi à cette période que les réflexes commencent à disparaitre. On dit qu'ils s'intégrent. Leur intégration permet au bébé de passer d'un mouvement automatique à une action volontaire. Mais cela n'est pas sans difficulté. Ainsi, le bébé hésite parfois entre réflexe et action volontaire ce qui crée souvent de la frustration, des cris et de la régression.
Par exemple, au moment de la reptation, on voit souvent les bébés "ramper" en arrière ou osciller d'avant en arrière. Cela peut provoquer des crises chez le bébé. N'hésitez pas à le rassurer, à lui montrer qu'il est en sécurité et à l'encourager.
Des réflexes archaïques pour protéger et sécuriser. Le réflexe de Moro
Les réflexes archaïques ont aussi pour fonction de protéger les bébés. Ils lui permettent de se manifester en cas de danger et se protéger face aux chutes éventuelles.
A ce titre le réflexe de Moro est bien connu. Également connu sous le nom de réflexe de sursaut, ce réflexe est déclenché lorsque le bébé ressent une perte de soutien physique, notamment au niveau de la tête, ou entend un bruit fort. Le bébé réagit en écartant les bras, en ouvrant les mains, puis en ramenant les bras vers le corps. Le réflexe est souvent accompagné de pleurs et créé un vrai stress chez l'enfant. Il est souvent déclenché par inadvertance lorsque le bébé est déposé dans son lit. La tête part légèrement en arrière. La réaction est automatique, bébé sursaute et se réveille. Au contraire, quand le réflexe est apaisé, le bébé est suffisament sécurisé pour s'ouvrir à l'extérieur?
Ce réflexe est un indicateur de la maturité du système nerveux central. Il disparaît généralement vers l'âge de 4 à 6 mois.
Un peu moins connu, on observe également le réflexe du parachute et de latéral propping. Lorsque bébé est penché en avant, tête la première il place ses bras et ses mains devant lui. Il se protège ainsi d'une chute éventuelle. De même, s'il perd l'équilibre une fois assis, il est capable de poser sa main pour se retenir.
Il est donc capital de respecter le développement moteur du bébé et de ne pas l'asseoir si ses réflexes ne sont pas actifs. Il serait alors incapable de se protéger.
Evaluation du développement de l'enfant
À mesure que le bébé grandit, les réflexes archaïques s'intègrent dans des mouvements plus complexes et disparaissent. Ainsi, observer et tester les réflexes permet d'évaluer et de faciliter le développement de l'enfant. C'est un outil de soin majeur auprès des tout-petits. L'absence ou la persistance anormale de ces réflexes peut indiquer des problèmes neurologiques ou de développement, nécessitant une attention médicale.
Les réflexes de succion, de fouissement, des points cardinaux s'intégrent rapidement et ne sont normalement plus observables au delà de 5 mois. Leur présence active passé cette période peut indiquer des problématiques autour de la sphère buccale ou des cervicales.
En surveillant et en encourageant ces réflexes, on peut s'assurer que les bébés atteignent leurs étapes de développement de manière appropriée, posant ainsi les bases pour un développement sain et équilibré.
Trouble du développement lié aux réflexes archaïques persistants
La non-intégration des réflexes archaïques peut avoir un impact significatif sur le développement physique, cognitif et émotionnel du bébé, de l'enfant mais aussi de l'adulte. Une détection précoce et une intervention appropriée sont essentielles pour aider l'enfant à surmonter ces défis et à atteindre son plein potentiel de développement.
Il est donc essentiel pour le bébé de laisser les réflexes s'exprimer et d'apprendre par lui même la motricité. Ainsi, il n'est pas conseillé d'assoir son enfant avant qu'il ne sache se retourner et se redresser. Le passage à la position assise est trop rapide et empêche certains réflexes (ex lateral propping, parachute) de bien s'intégrer.
Les signes de la non-intégration des réflexes archaïques
Un réflexe non intégré peut donner des signes assez surprenants, difficiles à déceler sans connaissance du sujet. Par exemple, on retrouve beaucoup de réflexes non intégrés chez les enfants en difficulté scolaire. L'enfant est inconfortable, ne reste pas en place et gigote. Ces attitudes sont parfois assimilées un manque de discipline ou un trouble de l'attention alors qu'il peut s'agir d'une "simple" réponse automatique du corps ; un réflexe sur lequel l'enfant n'a que peu de contrôle.
Soutenir le bébé dans son développement est donc essentiel. Vérifier la bonne intégration des réflexes, c'est accompagner son bébé mais aussi aider l'enfant et l'adulte qu'il va devenir.
N'hésitez pas en à en discuter avec les professeurs de vos enfants et à solliciter des professionnels de santé. Vous pouvez naturellement vous tournez vers les psychomotriciens et chiropracteurs.
Ci dessous quelques exemples de comportements liés à une non intégration des réflexes.
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Problèmes de motricité fine et globale
- Motricité fine : Difficultés avec des tâches nécessitant une coordination précise des mains et des doigts, comme l'écriture, le découpage ou le dessin. Réflexe de préhension.
- Motricité globale : Problèmes avec des mouvements plus larges, comme courir, sauter ou grimper, pouvant entraîner une mauvaise coordination et un manque d'équilibre.
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Difficultés de Posture et de Tonus Musculaire
- Posture : Une mauvaise intégration des réflexes peut entraîner des difficultés à maintenir une posture correcte, impactant la capacité de l'enfant à rester assis droit ou à marcher correctement. Réflexe de Moro, Pérez, Galant..
- Tonus musculaire : Des muscles peuvent être trop tendus (hypertonie) ou trop relâchés (hypotonie), affectant le mouvement et la coordination.
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Troubles de l’Apprentissage
- Écriture : La persistance du réflexe de préhension palmaire peut rendre difficile la prise en main correcte d'un crayon.
- Lecture et concentration : Des réflexes comme le réflexe tonique asymétrique du cou peuvent interférer avec la capacité de suivre des lignes de texte ou de se concentrer sur des tâches scolaires.
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Problèmes Comportementaux et Émotionnels
- Hyperactivité et inattention : Une mauvaise intégration des réflexes peut contribuer à des troubles de l’attention et à l’hyperactivité (TDAH). Réflexe de Moro
- Réactions émotionnelles : Les enfants peuvent se montrer plus anxieux, irritables ou sensibles en raison de la persistance de réflexes primitifs.
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Difficultés de Coordination Bilatérale
- Activités physiques : Difficultés à coordonner les deux côtés du corps, affectant des activités comme couper avec des ciseaux, attraper une balle ou se croiser en marchant.
- Indépendance fonctionnelle : Les tâches quotidiennes, comme s'habiller ou manger, peuvent devenir plus complexes.